Le vendredi 12 décembre, SOS Homophobie participe à deux débats sur la lesbophobie, l’un à Lyon organisé par La Lesbian and Gay Pride de Lyon, l’Autre Cercle Rhône-Alpes, le Forum Gai et Lesbien de Lyon et Ecrans-Mixtes. avec la projection du film Riparo (photo), l’autre à Toulouse.
À cette occasion, Stéphanie Arc, vice-présidente de l’association, nous présente les points forts de l’Enquête sur la lesbophobie publiée au printemps dernier et ce qui a changé depuis.
Stéphanie Arc, vice-présidente de SOS Homophobie: “Grâce aux chiffres de l’enquête, nous pouvons communiquer sur la lesbophobie.”
Quel est votre rôle au sein de SOS Homophobie?
Pour la deuxième année consécutive, je dirige la commission lesbophobie. Je suis entrée à l’association sur les questions femmes, et j’en suis devenue la vice-présidente en septembre dernier.
SOS Homophobie a publié en mai dernier la première enquête sur la lesbophobie en France. Quels en étaient les principaux points forts?
Cette enquête voulait combler un manque d’informations et de données sur la lesbophobie. Sur la ligne d’écoute de l’association, seul un appel sur cinq provient d’une femme. Est-ce que la lesbophobie est moins forte que l’homophobie? Comment se manifeste-t-elle? Est-ce marginal? C’est à ces questions que l’enquête voulait notamment répondre. Elle a commencé en 2003 dans le milieu lesbien, 1793 questionnaires ont été analysés et donnent une idée idée précise de la situation. Première information: 60% des femmes déclaraient avoir subi la lesbophobie dans leur vie. Le plus souvent, la lesbophobie se manifeste dans la rue, les transports en commun, en sortie de boite, avec dans 96% des cas des insultes, et c’est la même chose que dans les enquêtes sur les femmes hétéros. Mais 47% des femmes disent avoir été victimes de lesbophobie dans la famille: c’est un contexte très sensible pour les femmes lesbiennes. La lesbophobie s’exprime plus souvent dans le cadre privé que dans l’espace public. C’est assez logique puisque les femmes investissent moins l’espace public, il n’y a pas de lieu de drague pour les femmes, alors qu’un grand nombre d’agressions envers les homos se fait sur les lieux de drague. Cette lesbophobie touche tous les milieux, il n’y a pas de profil type. Dans la famille, c’est souvent la mère qui l’exprime le plus, car elle accepte moins bien l’homosexualité de sa fille.
Depuis la publication de cette enquête, qu’est-ce qui a changé?
Grâce à ces chiffres, on peut communiquer, car un des obstacles majeurs, c’est qu’on en parle très peu. Même le jour consacré aux violences faites aux femmes, il n’y avait presque rien qui concernait la violence faite aux lesbiennes alors qu’elles sont plus souvent victimes de violence que les femmes hétérosexuelles, notamment des violences sexuelles. Cela nous permet aussi d’agir auprès des professionnels de santé, puisque l’enquête a montré que les lesbiennes n’étaient pas souvent bien reçues, même parfois rudoyées par les gynécos.
Vous êtes souvent présente à des débats comme ceux qui ont lieu demain soir à Lyon et à Toulouse?
Oui. J’ai organisé le 25 novembre dernier une table ronde lors de la Journée internationale contre la violence envers les femmes à la Mairie de Paris. Demain soir, je ne serai pas au débat qui a lieu à Lyon car j’en anime un à Toulouse. Le week-end dernier, 200 filles ont participé au débat et à la soirée organisés avec l’association angevine Tonic’s.
Et au sein de l’association, cela a changé quoi? Comptez-vous modifier votre nom pour mieux refléter l’existence de la lesbophobie?
Les filles de régions sont nombreuses à appeler la ligne d’écoute. Mais tant qu’elles identifient l’association comme s’adressant aux garçons, certaines hésitent encore à appeler. Nous travaillons donc à être mieux identifiée comme une association qui lutte contre les discriminations envers les gays, les lesbiennes, les bi et les trans. Nous ne pouvons pas changer notre nom, c’est comme une marque, c’est trop compliqué, mais nous envisageons de rajouter cela en sous-titre.
Propos recueillis par Christophe Martet